Christiane, 78 ans : “Il m’arrive d’être réveillée dans la nuit par la faim”

À 78 ans, Christiane vit seule dans un petit appartement à Bastia. Veuve depuis plusieurs années, cette ancienne employée de bureau touche un peu plus de 1 000 euros de retraite par mois. Une somme qui, autrefois, aurait pu suffire à vivre simplement, mais qui aujourd’hui ne lui permet plus de faire face à la hausse des prix. Entre le loyer, les factures et les courses, chaque euro compte. Et trop souvent, la faim vient troubler ses nuits.

Une retraite qui ne suffit plus à vivre dignement

Depuis la mort de son mari, la vie de Christiane a basculé. Ensemble, ils avaient réussi à acheter un logement modeste, fruit de plusieurs décennies de travail. Mais à son décès, le bien est revenu à leurs enfants. Christiane a dû partir et louer un petit appartement, dont le loyer engloutit aujourd’hui près de la moitié de sa pension.

« Après avoir payé le loyer, la mutuelle, l’électricité et Internet, il me reste à peine une centaine d’euros pour faire les courses. Alors je choisis : les produits de base d’abord, et le reste, j’oublie », confie-t-elle.
La machine à café en panne depuis des mois, la boîte à thé presque vide, et des repas souvent réduits à un minimum : le quotidien est fait de renoncements. « Parfois, je saute un repas. Et certaines nuits, la faim me réveille », admet-elle à voix basse, presque honteuse.

Des petits gestes pour cacher la pauvreté

Malgré les difficultés, Christiane refuse de se laisser aller. Son appartement, décoré de photos de famille, reste toujours impeccable. Elle raccommode elle-même ses vêtements, rembourre ses chaussures usées avec du papier et s’efforce de maintenir les apparences. « Je ne veux pas déranger mes enfants. Ils ont leurs propres problèmes. Et puis, je n’aime pas me plaindre », dit-elle.

Pourtant, les signes de précarité s’accumulent. Ses dettes bancaires, ses découverts à répétition, et les imprévus – comme une réparation de voiture ou une facture de chauffage – la plongent un peu plus dans l’angoisse chaque mois.

La solitude, une autre forme de pauvreté

La solitude pèse aussi lourd que les factures. À son âge, Christiane n’ose plus trop sortir, de peur de dépenser inutilement. Ses amis d’autrefois se font rares, certains sont partis, d’autres sont décédés. Et demander de l’aide reste pour elle une épreuve morale.
« Aller voir une association, j’y ai pensé. Mais j’aurais peur que les gens me reconnaissent », murmure-t-elle. Comme beaucoup de retraités modestes, elle préfère se débrouiller seule, quitte à s’en priver davantage.

Un espoir timide : le rendez-vous avec l’assistante sociale

Depuis peu, Christiane a obtenu un rendez-vous avec une assistante sociale. Une lueur d’espoir dans un quotidien gris. Peut-être qu’ensemble, elles trouveront des solutions : aides au logement, soutien alimentaire, accompagnement.
« J’aimerais juste souffler un peu », confie-t-elle.

Derrière son courage et sa pudeur, Christiane incarne la réalité de milliers de retraités français : des vies de travail, souvent discrètes, qui se terminent dans la précarité. Une génération qui a contribué à bâtir le pays et qui, aujourd’hui, peine à chauffer son logement ou à remplir son frigo.

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *