Budget 2026 : une hausse d’impôts qui pourrait toucher 380 000 foyers fiscaux
Alors que la fin de l’année approche, le gouvernement accélère sur un dossier particulièrement sensible : le budget de l’État pour 2026. Entre impératifs de réduction des déficits et nécessité de dégager de nouvelles recettes, certaines mesures fiscales envisagées suscitent déjà de vives inquiétudes. Selon l’OFCE, près de 380 000 foyers supplémentaires pourraient prochainement entrer dans le champ de l’imposition ou voir leur facture fiscale augmenter.
Un calendrier budgétaire sous tension
Le gouvernement, dirigé par le Premier ministre Sébastien Lecornu, espère faire adopter le projet de loi de finances (PLF) avant le 31 décembre 2025. Les sénateurs ont été appelés à se prononcer sur la version définitive du budget de l’État, tandis que les députés doivent examiner celui de la Sécurité sociale (PLFSS).
Dans un contexte économique encore fragile, marqué par une dette élevée et des finances publiques sous pression, l’exécutif mise sur un effort fiscal conséquent, sans pour autant annoncer de hausse directe des taux d’imposition.
17 milliards d’euros de recettes attendues
Pour atteindre ses objectifs, l’État prévoit de générer près de 17 milliards d’euros de recettes supplémentaires. L’un des leviers principaux consiste à maintenir le barème de l’impôt sur le revenu à son niveau actuel, sans revalorisation liée à l’inflation.
Selon l’OFCE, cette décision entraînerait mécaniquement l’entrée dans l’impôt de nombreux ménages jusque-là non imposables. Résultat : des foyers modestes pourraient perdre leur exonération, tandis que d’autres verraient leur impôt augmenter sans changement de revenus réel.
Retraités et ménages modestes en première ligne
Les retraités figurent parmi les publics potentiellement les plus exposés. Le gouvernement envisage en effet de remplacer l’abattement fiscal de 10 % sur les pensions par un abattement forfaitaire unique de 2 000 euros.
Si cette mesure profiterait aux petites retraites, elle entraînerait en revanche une hausse d’imposition pour les pensions plus élevées. Une évolution qui inquiète de nombreux retraités, déjà confrontés à la hausse du coût de la vie, notamment sur l’énergie, les carburants et les médicaments.
Taxes prolongées et nouvelles contributions
Le projet de budget prévoit également le maintien de certaines taxes existantes, notamment :
- la contribution différentielle sur les hauts revenus (CDHR)
- la contribution exceptionnelle sur les grandes entreprises
À cela s’ajouterait une nouvelle taxe sur les holdings patrimoniales, destinée à limiter certaines stratégies d’optimisation fiscale. Cette mesure permettrait de récupérer environ 6,5 millions d’euros supplémentaires.
Même les contribuables les plus aisés ne seraient donc pas épargnés par cet ajustement fiscal.
Suppression de niches fiscales jugées inefficaces
Autre point sensible : la suppression de 23 niches fiscales, considérées comme peu efficaces par le gouvernement. Parmi elles figurent notamment :
- la réduction d’impôt sur les frais de scolarité
- certains avantages liés aux biocarburants
Ces suppressions pourraient avoir un impact direct sur le pouvoir d’achat de nombreuses familles, tout en fragilisant certains secteurs économiques qui bénéficiaient jusqu’ici de ces dispositifs.
Des allégements pour les entreprises
En parallèle, le gouvernement souhaite envoyer un signal positif aux entreprises. La cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) pourrait être supprimée dès 2028, soit deux ans plus tôt que prévu.
Cette mesure représenterait un manque à gagner estimé à 1,3 milliard d’euros pour l’État, mais l’exécutif mise sur une réindustrialisation accélérée et un renforcement de la compétitivité des PME pour compenser cette perte.
Un budget encore loin de faire consensus
Entre hausse implicite de la pression fiscale pour certains ménages et allégements accordés aux entreprises, le projet de loi de finances pour 2026 divise fortement. Les débats à l’Assemblée nationale ont déjà été particulièrement tendus, et plusieurs ajustements pourraient encore intervenir avant l’adoption définitive du texte.
D’ici là, de nombreux contribuables restent dans l’incertitude, guettant les arbitrages finaux qui détermineront s’ils feront – ou non – partie des 380 000 foyers concernés par cette hausse d’impôts indirecte.
