Pourquoi y a-t-il moins d’œufs dans les rayons en ce moment ?
Depuis quelques semaines, de nombreux consommateurs en France constatent une diminution des stocks d’œufs dans les supermarchés. Sans parler de pénurie, la situation est suffisamment marquée pour susciter des interrogations. Pourquoi ces tensions sur l’approvisionnement ? Plusieurs facteurs se conjuguent pour expliquer cette situation.
Une consommation en forte hausse
L’œuf est devenu un aliment de plus en plus prisé par les Français. En 2023, la consommation moyenne par habitant s’est élevée à 224 œufs par an, soit 10 de plus qu’il y a dix ans, selon le Comité national pour la promotion de l’œuf (CNPO). Cet engouement s’explique en grande partie par l’inflation, qui a poussé de nombreux foyers à se détourner de la viande au profit de cette source de protéines plus abordable. En dépit d’une augmentation de prix d’environ 3% depuis le début de l’année, l’œuf reste la protéine animale la moins chère du marché.
L’évolution des modes de production
Au-delà de la demande croissante, des évolutions structurelles dans le secteur de l’élevage ont un impact direct sur l’offre. De plus en plus d’exploitations abandonnent l’élevage en cage au profit de méthodes plus respectueuses du bien-être animal, notamment l’élevage en plein air. Or, cette transition prend du temps et entraîne une baisse temporaire de la production, pouvant aller jusqu’à 30% de moins par rapport aux élevages en cage. Le temps nécessaire pour effectuer les travaux et réinstaller les poules réduit momentanément la disponibilité des œufs sur le marché.
Un impact indirect de la grippe aviaire aux États-Unis
Si la grippe aviaire qui a frappé les États-Unis en 2024 n’a pas directement affecté la France, elle a pu jouer un rôle dans la perception des consommateurs. L’épizootie a causé d’importantes pénuries outre-Atlantique, avec une hausse du prix des œufs de 60% en un an. Cette situation, largement relayée par les médias, aurait pu engendrer une réaction anticipée chez les Français, les incitant à acheter davantage d’œufs par précaution, créant ainsi une pression supplémentaire sur l’offre.
La France, premier producteur européen d’œufs
Malgré ces tensions, la France reste le premier producteur d’œufs en Europe, devant l’Espagne et l’Allemagne. En 2024, l’Hexagone a fourni 29,2% de la production européenne, selon l’Institut technique de l’aviculture, de la pisciculture et de la cuniculture (ITAVI). Cette position dominante garantit une certaine stabilité du marché, mais ne permet pas d’éviter complètement les fluctuations d’approvisionnement.
Vers un retour à la normale ?
Bien que la situation actuelle entraîne une certaine frustration chez les consommateurs, elle devrait progressivement s’améliorer. La transition vers des modes de production plus durables prendra encore du temps, mais l’industrie s’adapte pour répondre à la demande croissante. En attendant, l’œuf reste un produit phare de l’alimentation des Français, apprécié pour son rapport qualité-prix et ses nombreuses qualités nutritionnelles.