Pauvreté des seniors en France : un phénomène alarmant et silencieux

En 2023, la France a franchi un seuil inquiétant : près de 10 millions de personnes vivent désormais sous le seuil de pauvreté, fixé à 1 288 euros par mois. Cela représente 15,4 % de la population, un taux jamais atteint depuis la création de cet indicateur en 1996. Derrière ces chiffres se cache une réalité encore plus troublante : les personnes âgées, notamment les femmes seules, sont de plus en plus nombreuses à sombrer dans la précarité.

Une pauvreté plus large, plus invisible

Selon une étude récente de l’Insee, près de 650 000 personnes supplémentaires ont basculé dans la pauvreté entre 2022 et 2023. Parmi elles, la moitié vit avec moins de 1 041 euros par mois. Ces chiffres ne reflètent pas seulement une pauvreté plus étendue, mais aussi plus profonde et plus silencieuse.

L’indice de Gini, qui mesure les inégalités de revenus, est lui aussi en hausse, passant de 0,292 à 0,297. Ce glissement révèle un creusement des écarts entre les ménages, malgré des années de politiques sociales.

Les retraités : pas tous logés à la même enseigne

Si l’on croit encore que les retraités sont relativement épargnés, la réalité est plus nuancée. Environ deux millions d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté. La situation est particulièrement critique pour les femmes âgées, les personnes seules et celles ayant connu des parcours professionnels atypiques.

Les chiffres sont parlants : en 2022, 10,6 % des 65-74 ans étaient pauvres, contre 7,5 % en 2017. Le fait de vivre seul multiplie le risque de pauvreté par trois : 18,8 % des seniors isolés sont pauvres, contre seulement 6,4 % de ceux en couple.

Pourquoi cette aggravation ?

La pauvreté des seniors résulte de trajectoires de vie fragiles :

  • Carrières discontinues
  • Emplois à temps partiel
  • Absence de protection sociale pour les indépendants
  • Maternité non valorisée dans les retraites
  • Suivi de conjoint en mutation, souvent sans compensation professionnelle

Ajoutez à cela la fin des aides exceptionnelles post-Covid, une inflation persistante, et un isolement social croissant, et vous obtenez un cocktail explosif.

Une urgence sociale

L’association Les Petits Frères des pauvres tire la sonnette d’alarme : la pauvreté des aînés est souvent invisible, dissimulée derrière les murs des logements modestes ou dans les territoires éloignés. Elle recommande notamment une revalorisation urgente du minimum vieillesse, pour éviter que des milliers de seniors ne tombent dans l’oubli.

Et demain ?

Ce constat nous interpelle collectivement. Il oblige à repenser la manière dont nous accompagnons le vieillissement de la population. Face à une société qui vieillit, il ne suffit plus de garantir une retraite, il faut assurer une vie digne, quelle que soit l’histoire professionnelle ou familiale de chacun.

Car vieillir ne devrait jamais rimer avec pauvreté.
Et encore moins avec solitude.

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