Payer ses courses avec sa carte Vitale : une révolution alimentaire démarre en France

Et si, demain, la carte Vitale servait aussi à faire ses courses ? Ce qui semblait relever de l’utopie devient aujourd’hui une expérimentation bien réelle dans le quartier de Koenigshoffen, à Strasbourg. Portée par l’association Pour une Sécurité sociale de l’alimentation Alsace, cette initiative novatrice s’inspire directement du modèle de la Sécurité sociale… mais appliqué à la nourriture.

Une alimentation saine et locale accessible à tous

Depuis le début du mois d’octobre, vingt habitants de Koenigshoffen participent à ce projet pilote. Sélectionnés pour refléter la diversité de la population locale, ils cotisent chaque mois selon leurs moyens dans une caisse commune. En échange, chacun reçoit une indemnité alimentaire de 100 euros, non pas sous forme d’argent liquide, mais de bons cartonnés utilisables exclusivement sur le nouveau marché du quartier.

L’objectif est clair : faciliter l’accès à une alimentation saine et locale pour tous les habitants tout en soutenant les producteurs régionaux. « J’ai acheté des betteraves, des aubergines et des carottes pour faire une ratatouille pour les enfants. Tout est frais et c’est bon pour la santé », témoigne Maria, une mère de famille conquise par cette nouvelle approche.

Un système démocratique et solidaire

Particularité de ce projet : les participants ont eux-mêmes choisi l’endroit où leurs bons seraient valables. Le marché de Koenigshoffen s’est imposé naturellement, en raison de la qualité et de la proximité des produits.

Pour les producteurs, cette initiative est également bénéfique. Antony Lang, maraîcher et éleveur dans le pays de Bitche, a déjà encaissé 250 euros en bons alimentaires en seulement trois semaines : « C’est intéressant, après il faut voir sur la durée », explique-t-il. Même son de cloche chez Dimitri, vendeur pour Les Jardins de la Montagne Verte, une ferme urbaine bio de Strasbourg, qui apprécie la fidélité des clients.

Une mécanique simple, inspirée de la mutuelle

Le fonctionnement est d’une grande simplicité. Les producteurs acceptent les bons lors des ventes puis les remettent en fin de mois à l’association, qui les rembourse. Ce système s’inspire directement du modèle des mutuelles de santé, mais appliqué ici à l’alimentation.

L’expérimentation, prévue sur un an, vise à déterminer le taux idéal de cotisation des participants pour garantir la pérennité du dispositif. L’ambition affichée est d’atteindre 50 à 60 % d’autofinancement, le reste provenant de subventions publiques, notamment de l’État et de l’Union européenne.

Une idée qui pourrait s’étendre

Si les résultats sont concluants, le modèle pourrait être étendu à d’autres quartiers, voire à d’autres régions de France. Cette « Sécurité sociale de l’alimentation » pourrait alors permettre à des milliers de foyers d’accéder à des produits frais et de qualité, tout en soutenant l’économie locale.

Ce projet pourrait bien marquer le début d’une nouvelle ère alimentaire, où manger sainement ne serait plus un privilège, mais un droit accessible à tous.

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