Après 20 ans à La Poste, ce facteur révèle combien il gagnait grâce aux étrennes : « Une année, j’ai même pu acheter… »

Chaque fin d’année, une tradition discrète mais profondément ancrée refait surface dans de nombreux foyers français : celle des étrennes. Facteurs, gardiens d’immeuble ou encore pompiers sont parfois remerciés pour leur présence quotidienne tout au long de l’année. Mais derrière ce geste symbolique, une question revient souvent : combien cela peut-il réellement rapporter à un facteur ?

Un ancien agent de La Poste, aujourd’hui retraité, a accepté de lever le voile sur cette pratique, en partageant son expérience après vingt années passées à sillonner les rues d’une commune de la proche banlieue parisienne.

Une tradition ancienne qui traverse les siècles

Si offrir des étrennes semble aller de soi pour beaucoup de familles, cette coutume est loin d’être récente. Ses origines remontent à l’Antiquité romaine. Le terme « étrennes » viendrait de Strena ou Strenia, divinité associée à la santé et à la prospérité, honorée au début de l’année.

La tradition voulait que l’on cueille de la verveine dans un bois sacré afin de s’attirer chance et protection pour l’année à venir. Peu à peu, ce geste symbolique s’est transformé en don matériel. En France, le mot apparaît dès le XIIe siècle avec le sens de « présent », avant de s’imposer au pluriel au siècle suivant pour désigner les cadeaux offerts au Nouvel An.

Une pratique en net recul

Aujourd’hui, les étrennes ne concernent plus tous les métiers. Dans de nombreuses grandes villes comme Paris, Lyon ou Nice, les éboueurs n’y ont plus droit, les municipalités ayant strictement interdit toute démarche auprès des habitants. Cette évolution réglementaire, combinée à la baisse du pouvoir d’achat et à l’évolution des liens sociaux, contribue à l’effritement progressif de cette tradition.

Les facteurs, eux, continuent néanmoins à proposer leur calendrier en fin d’année, ce qui leur permet parfois de percevoir quelques compléments de revenus.

« J’avais près de 400 adresses sur ma tournée »

Dans une interview accordée au Journal des Femmes, Michel, ancien facteur pendant deux décennies, raconte son quotidien. À vélo, par tous les temps, il desservait un secteur comprenant jusqu’à 400 logements.

« Environ 200 personnes me donnaient des étrennes certaines années », explique-t-il. Selon lui, la générosité était bien réelle, même si le nombre de donateurs a diminué au fil du temps. La plupart offraient l’équivalent de quelques euros en échange du calendrier, mais certains habitants se montraient bien plus généreux.

« Une année, j’ai pu m’offrir une chaîne Hi-Fi »

Si les montants variaient fortement d’une année à l’autre, Michel se souvient d’une période particulièrement fructueuse. « Une année, j’ai même pu acheter une chaîne Hi-Fi avec mes étrennes », confie-t-il. Un souvenir marquant qui illustre que, cumulées sur une tournée importante, ces petites sommes pouvaient représenter un budget non négligeable.

Selon les chiffres relayés par BFMTV, les facteurs distribueraient chaque année entre 8 et 10 millions de calendriers. La manne financière globale serait estimée à près de 100 millions d’euros à l’échelle nationale, soit environ 5 à 10 euros par habitant rencontré.

Une reconnaissance plus qu’un simple don

Si le gardien d’immeuble reste généralement le grand bénéficiaire des étrennes de fin d’année, le facteur conserve une place à part dans le cœur des Français. Plus qu’un complément de revenus, ces dons sont souvent perçus comme une marque de reconnaissance pour un service de proximité, humain et régulier.

À l’heure où les relations se dématérialisent et où les traditions se transforment, les étrennes racontent aussi une autre histoire : celle d’un lien social fragile, mais encore bien vivant, entre les habitants et ceux qui partagent leur quotidien, une tournée après l’autre.

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