Elle change la serrure, s’installe chez eux et refuse de partir : huit ans plus tard, la famille ne peut toujours pas récupérer sa maison

C’est une affaire qui laisse sans voix et qui illustre les dérives les plus extrêmes du phénomène de squat. À Bastia, une famille se bat depuis huit ans pour récupérer la maison héritée de leurs aïeux. Malgré des décisions de justice répétées en leur faveur, Isabelle et sa fille Valérie voient toujours leur propriété occupée par une femme qui refuse de partir. Un dossier kafkaïen où l’épuisement moral se mêle à l’incompréhension administrative.

Une visite… puis la serrure changée

L’histoire commence en 2017. Isabelle et Valérie décident de mettre en vente la maison familiale située à Toga, près de Bastia. Une femme d’une quarantaine d’années se présente pour visiter le bien en vue d’un potentiel achat. Rien d’anormal jusque-là.

Mais quelques semaines plus tard, la surprise est totale : la serrure a été changée. L’occupante assure disposer d’un bail. Puis elle affirme carrément être la propriétaire des lieux. Les procédures commencent alors, longues, techniques, interminables.

Huit ans de combat judiciaire et d’impasses administratives

Pendant des années, la famille tente de faire valoir ses droits. En février 2024, elles obtiennent enfin un titre d’expulsion. La squatteuse fait appel, mais elle est déboutée. Elle saisit ensuite le juge de l’exécution, une nouvelle fois sans succès.

L’expulsion doit avoir lieu le 17 juillet 2024. Pourtant, à la dernière minute, la préfecture accorde à l’occupante un délai supplémentaire. Aucune justification publique n’est fournie. Ni la préfecture ni l’avocate de l’occupante ne répondent aux questions des médias.

Pour Isabelle et Valérie, c’est un nouveau coup dur. Et la sensation que le combat n’en finit jamais.

Une situation absurde au quotidien

L’affaire prend parfois des tournures presque irréelles. Isabelle raconte qu’un jour, elle est entrée dans le jardin pour cueillir quelques clémentines sur un arbre planté par son propre grand-père en 1933. L’occupante aurait alors appelé la police.

Dans le même temps, selon les informations rapportées par la presse, la squatteuse aurait installé des panneaux solaires et des caméras sur la propriété. Comme si elle s’appropriait progressivement la maison sans que personne ne puisse s’y opposer.

Une famille qui paie impôts, assurances… sans pouvoir entrer chez elle

Alors que l’occupante vit dans la maison depuis huit ans, Isabelle et Valérie en assument toujours les charges. Impôts fonciers, assurances, frais divers : elles continuent de payer un bien auquel elles n’ont plus accès.

Au-delà de l’injustice matérielle, c’est la souffrance morale qui domine. Valérie se dit épuisée de voir l’état de santé de sa mère se dégrader à cause d’un combat qui semble sans fin. La maison représente bien plus qu’un bien immobilier : une mémoire familiale, un héritage affectif, une racine.

Un cas qui interroge les limites du système

L’histoire d’Isabelle et Valérie met en lumière les failles du système d’expulsion en France, où une famille peut se retrouver totalement impuissante malgré une succession de décisions judiciaires favorables. Les démarches officielles, les délais administratifs et les décisions préfectorales peuvent parfois prendre le dessus sur des situations pourtant claires en droit.

Huit ans après le début de cette affaire, l’occupante est toujours sur place. Et la famille attend toujours de pouvoir franchir à nouveau la porte de la maison de leurs ancêtres.


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