Faut-il manger moins de comté pour protéger l’environnement ?

Le comté est un incontournable des tables françaises. Fromage AOP le plus consommé de l’Hexagone, il représente à lui seul environ 70 000 tonnes de production chaque année. Originaire de la région Franche-Comté, il incarne à la fois un savoir-faire traditionnel et une fierté gastronomique. Mais depuis quelques jours, un débat fait rage : sa production serait-elle en partie responsable de la pollution des rivières locales ?

C’est Pierre Rigaux, militant écologiste et défenseur de la cause animale, qui a relancé la controverse. Dans une série de prises de parole, il alerte sur les conséquences environnementales de la production de lait destiné au comté. Selon lui, les déjections bovines issues de l’élevage intensif dégagent de l’azote et du phosphore en quantité importante, éléments qui se retrouvent ensuite dans les cours d’eau. Résultat : prolifération d’algues, perte de biodiversité aquatique et mortalité des poissons.

Des accusations que les producteurs de comté accueillent avec scepticisme, voire agacement. Samuel Pertreux, éleveur dans le Jura, rappelle que le cahier des charges du comté est l’un des plus stricts de toutes les AOP françaises. Il insiste sur les efforts réalisés récemment pour rendre les pratiques plus vertueuses. « Tout ce qu’on fait, on le fait dans le sens de bien le faire », affirme-t-il, déplorant une prise de parole qu’il juge caricaturale.

En réalité, la question n’est peut-être pas de boycotter le comté, mais de mieux encadrer sa fabrication. C’est ce que défendent des collectifs environnementaux locaux comme SOS Loue et rivières comtoises. Patrice Malavaux, garde-pêche, souligne que certaines rivières du Jura ou du Doubs ressemblent désormais à des égouts. « On voudrait juste pouvoir être fiers d’habiter dans une région où l’on produit un fromage de renommée mondiale, tout en préservant notre environnement », explique-t-il.

Il est important de noter que la filière comté a été reconnue en 2021 par des ONG comme WWF et Greenpeace pour ses efforts en matière de développement durable. Preuve que des progrès sont possibles et déjà amorcés.

Quant au positionnement politique, la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, a tenu à clarifier les choses : Pierre Rigaux n’est pas membre du parti et personne, au sein des Écologistes, ne réclame l’interdiction du comté. En revanche, poser la question de l’impact environnemental de son mode de production semble légitime.

Alors, faut-il vraiment arrêter de consommer du comté ? Pas forcément. Mais cette polémique met en lumière un enjeu plus large : celui de concilier traditions agricoles et préservation de l’environnement. Car aimer le comté n’interdit pas de vouloir des rivières propres.


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