Précarité en France : Quand l’hygiène devient un luxe

La précarité grandissante en France ne se limite plus à l’alimentation ou au logement. Un nouveau rapport alarmant met en lumière une autre réalité souvent passée sous silence : l’accès aux produits d’hygiène de base.

Selon une étude menée par l’Ifop pour l’association Dons Solidaires, publiée le 7 avril 2025, près d’un Français sur deux (47 %) déclare limiter l’achat de produits d’hygiène faute de moyens financiers. Cela représente environ 8 millions de personnes confrontées à des arbitrages douloureux entre santé, propreté et pouvoir d’achat.

Un quotidien bouleversé

Cette privation touche tous les pans de la vie quotidienne. Les produits les plus sacrifiés sont souvent jugés “accessoires” : maquillage, coloration, crèmes hydratantes. Pourtant, ce sont aussi des produits qui participent à l’estime de soi, en particulier pour les femmes. Mais les restrictions ne s’arrêtent pas là. Rasoirs, déodorants, lessive, shampoing, gel douche, savon, dentifrice, voire papier toilette, sont aussi délaissés par une part non négligeable de la population.

Ces manques ont des conséquences concrètes. Certaines personnes espacent les shampoings ou se lavent sans gel douche. D’autres improvisent des solutions de fortune, comme utiliser un produit unique pour tout le corps ou aérer leurs vêtements au lieu de les laver. Les témoignages récoltés par Dons Solidaires évoquent une perte de dignité et une fatigue mentale persistante.

Des familles et des jeunes en première ligne

Les chiffres sont encore plus inquiétants pour les populations les plus fragiles. Parmi les familles monoparentales, 44 % déclarent renoncer à acheter des couches pour leurs enfants. Ces familles recourent alors à des alternatives précaires, qui peuvent affecter directement la santé et l’hygiène des nourrissons.

Les jeunes de moins de 35 ans sont également durement touchés. Près de deux tiers d’entre eux restreignent leur consommation de produits d’hygiène, et un quart doivent choisir entre se nourrir ou se laver. C’est une réalité à laquelle peu s’attendent à cet âge, et qui renforce le mal-être chez cette tranche de la population déjà fragilisée par la précarité de l’emploi et la crise du logement.

La précarité menstruelle, un tabou persistant

Chez les femmes, la précarité menstruelle est un autre angle de cette crise silencieuse. Seize pour cent d’entre elles manquent régulièrement de protections hygiéniques, souvent remplacées par des solutions de fortune comme du papier toilette ou des morceaux de tissu. Un choix contraint qui peut avoir des conséquences sanitaires sérieuses, mais aussi un impact psychologique fort.

Une atteinte à la dignité

Se priver de produits d’hygiène ne relève pas seulement d’un inconfort ponctuel. Cela pèse sur l’estime de soi, la santé mentale et les relations sociales. L’isolement peut rapidement s’installer, alimenté par la honte ou le regard des autres. La propreté et le soin de soi, bien plus qu’un simple confort, sont des éléments fondamentaux de la dignité humaine.

Face à cette situation, des initiatives comme celles de Dons Solidaires jouent un rôle crucial. Mais elles ne peuvent suffire à enrayer un phénomène aussi structurel. Ce que révèle cette étude, c’est l’urgence de repenser notre manière d’aborder la pauvreté, au-delà de la simple question alimentaire, pour y inclure aussi l’accès aux produits de première nécessité.

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