Fraudes aux allocations handicap : quand les réseaux sociaux démasquent l’imposture
Pendant des décennies, elles ont perçu des aides pour handicap sévère, convainquant les autorités de leur incapacité à vivre de manière autonome. Mais quelques clics sur les réseaux sociaux ont suffi à faire voler en éclats leur double vie. Deux affaires, l’une au Royaume-Uni et l’autre en Italie, illustrent l’ampleur et la complexité des fraudes aux allocations d’invalidité.
Une coureuse acharnée, déclarée handicapée
Au Royaume-Uni, Sarah Morris, officiellement atteinte de sclérose en plaques, a perçu pendant plusieurs années une pension pour handicap sévère. Elle affirmait ne pouvoir ni se tenir debout longtemps, ni sortir sans assistance. Pourtant, entre 2019 et 2022, cette quinquagénaire a participé à pas moins de 73 courses à pied, arborant fièrement dossards et médailles.
Membre actif d’un club de running, elle s’entraînait régulièrement et partageait sa passion sur les réseaux sociaux. C’est précisément sur Facebook que les enquêteurs ont découvert des photos et vidéos contredisant ses déclarations. Résultat : huit mois de prison avec sursis et une obligation de rembourser plus de 26 000 euros d’allocations perçues indûment.
Une danseuse orientale en Sicile
En Italie, à Termini Imerese, une femme de 67 ans a mené une fraude encore plus spectaculaire. Depuis 1983, elle percevait une pension mensuelle de plus de 800 euros pour des troubles physiques et mentaux supposés, allant jusqu’à déclarer une « incapacité à répondre à des stimuli externes ».
Mais la supercherie a pris fin lorsqu’une vidéo d’elle dansant la danse du ventre, rayonnante et énergique, est apparue sur les réseaux sociaux. Les autorités ont retrouvé d’autres images la montrant faire ses courses ou se promenant au bord de la mer. Des écoutes téléphoniques ont confirmé ses aveux : elle admettait jeter ses médicaments et craignait de « tout perdre » après une visite médicale surprise.
La justice a saisi près de 206 000 euros de ses biens. L’affaire a provoqué un tollé en Sicile, où les fraudes de ce type semblent récurrentes.
Des complicités bien enracinées
Au-delà des cas individuels, ces histoires révèlent un système parfois complice. En Sicile, une enquête antérieure avait déjà mis au jour un vaste réseau impliquant des médecins délivrant de faux certificats contre rémunération. Certaines personnes officiellement aveugles y étaient filmées en train de lire le journal ou de conduire un deux-roues.
Ces révélations soulèvent une question troublante : comment de telles fraudes ont-elles pu perdurer pendant des décennies sans alerter les autorités ? Beaucoup dénoncent un manque de contrôle, voire une indulgence volontaire de certaines commissions médicales.
Quand les réseaux sociaux deviennent des outils d’enquête
Dans les deux cas, c’est la vitrine publique des réseaux sociaux qui a permis aux enquêteurs de démêler le vrai du faux. Dans un monde où tout est photographié, filmé, partagé, il devient difficile de maintenir un mensonge aussi vaste sans laisser de traces numériques.
Ces affaires rappellent à quel point les aides publiques doivent être protégées contre les abus. Elles sont vitales pour ceux qui en ont réellement besoin, et chaque fraude affaiblit la confiance dans un système déjà sous pression.