Heures creuses : dès le 1er novembre, ces foyers risquent de payer plus cher leur électricité
À partir du 1er novembre, le dispositif des heures pleines / heures creuses (HP/HC) entre dans une nouvelle phase. Objectif officiel : mieux aligner la consommation d’électricité sur les périodes où elle coûte le moins cher. Mais derrière la promesse d’une facture allégée, de nombreux foyers pourraient bien être les grands perdants de cette réforme énergétique.
Une réforme qui bouleverse les habitudes
Sur le papier, la refonte du dispositif HP/HC vise à fluidifier la consommation énergétique en incitant les ménages à utiliser davantage leurs appareils électriques pendant les heures creuses, lorsque la demande est faible. En pratique, cela suppose une discipline domestique importante : lancer le lave-linge la nuit, programmer le chauffe-eau ou encore décaler la cuisson de certains plats.
Mais selon plusieurs associations de consommateurs, les gains économiques réels restent faibles pour la majorité des foyers. François Carlier, délégué général de la CLCV, résume ainsi la situation :
« Pour les particuliers, les bénéfices à tirer d’un tel dispositif, même avec les évolutions à venir, sont très limités économiquement. »
Des tarifs qui continuent de grimper
Depuis la crise énergétique, les tarifs de l’électricité ont bondi de près de 40 %. Dans ce contexte, chaque erreur de programmation ou de choix de contrat peut coûter cher. Si le principe des heures creuses repose sur une idée simple — payer moins cher quand la demande est faible — encore faut-il réussir à décaler une partie importante de sa consommation vers ces plages horaires.
En moyenne, l’option HP/HC ne devient rentable que si un foyer parvient à consommer au moins un tiers de son électricité pendant les heures creuses. Une condition difficile à remplir pour ceux dont les usages se concentrent le matin et le soir.
Les profils les plus à risque
Tous les ménages ne seront pas touchés de la même manière. Voici ceux qui risquent le plus de voir leur facture grimper :
- Les foyers qui ne peuvent pas décaler leurs usages, notamment ceux qui utilisent lave-linge, lave-vaisselle ou chauffe-eau aux mêmes heures que d’habitude.
- Les ménages dont la consommation est concentrée sur les pics matin et soir, quand les tarifs sont les plus élevés.
- Les abonnés HP/HC “par habitude”, qui ont choisi cette option sans réellement l’optimiser et paient donc plus cher en heures pleines que s’ils étaient en tarif “Base”.
- Ceux qui n’ont pas reprogrammé leurs appareils depuis le changement des plages horaires : ils risquent d’activer leurs équipements en heures pleines sans le savoir.
- Les contrats mal calibrés, où l’option “Base” serait en réalité plus avantageuse.
Un ménage sur cinq mal orienté
Selon Hello Watt, spécialiste de la transition énergétique, un foyer français sur cinq n’a pas choisi la bonne option tarifaire. Cela représente plus de six millions de ménages, avec un surcoût moyen de plusieurs dizaines d’euros par an.
Pour Mélis Isikli, responsable des affaires publiques chez Ekwateur, le défi est désormais du côté des fournisseurs :
« La balle est dans notre camp. À nous de proposer des offres adaptées et de faire preuve de pédagogie. »
Ce qu’il faut retenir
Le changement des heures creuses à partir du 1er novembre ne sera pas neutre. Si vous ne pouvez pas décaler vos usages, si vous n’utilisez pas d’appareils programmables ou si vous ignorez les nouveaux créneaux horaires, votre facture risque de grimper.
Avant la mise en place de ces nouvelles plages, il est donc essentiel de :
- Vérifier vos horaires d’heures creuses auprès de votre fournisseur,
- Reprogrammer vos appareils électriques,
- Et réévaluer votre contrat pour vérifier si l’option “Base” ne serait pas plus avantageuse.
En somme, le dispositif HP/HC reste une bonne idée… à condition de pouvoir réellement l’utiliser.
